Signature « griffée » de Marguerin Lefèvre (Valognes, 1608)

 

Comme pour faire écho à notre note sur la signature de Nicolas Doucet, nous avons fait la découverte très récente, de l’emploi d’une griffe en lieu et place du « seing manuel » attendu.

 

 

 

L’acte daté du 5 juillet 1608[1] est rédigé devant les tabellions de Valognes. Cette « griffe-signature » est celle de Marguerin Lefèvre, bourgeois « dudict lieu de Vallongnes », premier nommé dans l’acte. Cet emploi est assez rare pour être remarquable. Cette signature pourrait sembler plus récente que l’acte et donc apposée bien après coup. Les signes utilisés s’inspirent de caractères typographiques[2], la rendant très moderne et provoquant la surprise voire l’incrédulité tant elle semble détonner avec le reste du document. Cependant, il faut se rendre à l’évidence, cette griffe est bien contemporaine des autres signatures. Les personnages présents devaient après lecture de l’acte (haut et clair) par le tabellion, certifier leur présence et accord par leur signature (ou à défaut leur « merc ») devant l’officier et deux témoins[3] (il y en a trois dans cet acte), ces derniers devant eux-mêmes signer. En l’occurrence ici c’est le cas, tous les personnages cités présents signent. La seule particularité est que le dit Marguerin pour ce faire, utilise une griffe où son identité, M(arguerin).LEFEBVRE, est suivie d’une vignette jouant sans doute le rôle d’un paraphe symbolique.    

Ce bourgeois malgré sa qualité « d’honorable homme » ne savait signer à la date de la minute ou plus probablement[4], n’était-il plus en mesure de le faire. Etait-il déjà âgé ou indisposé ? Toujours est-il, qu’il est inhumé moins de cinq ans plus tard, dans le « sepulchre » de l’église de Valognes, le 15 avril 1613[5].

Denis Lethimonnier dit Thimo

Voir la transcription du texte original.

 

 


[1] Archives départementales de la Manche, Notariat de Valognes, 5 E 14576.

[2] Il n’est pas impossible que justement, nous ayons affaire à des caractères réutilisés. La vignette finale nous le laisserait penser.

[3] Articles 65 et 66 de l’ordonnance rendue en mars 1498 (a. s.) par Louis XII (Jean-Marie Pardessus, Ordonnances des Rois de France de la troisième race, recueillies par ordre chronologique, 21e volume contenant les ordonnances rendues depuis le mois de mai 1497 jusqu'au mois de novembre 1514, Paris, 1849, p. 649).

[4] La découverte dans des registres antérieurs d’une hypothétique « véritable » signature lèverait le doute.

[5] Site des A. d. de la Manche, Registres paroissiaux de Valognes, 5 Mi 1400, 1611-1629, index numérique : 285/488.

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